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Ah non! Pas encore!
Conflits entre frères et sœurs - Un guide à l’attention des parents qui travaillent 


Les conflits entre frères et sœurs représentent sans doute un des problèmes les plus difficiles pour les parents. Il faut dire que tout conflit est par définition menaçant pour la plupart d’entre nous. La situation semble d’autant plus menaçante lorsque deux de nos enfants s’affrontent puisque nous souhaitons tellement qu’ils s’entendent et qu’ils s’aiment. 

Bien qu’il n’existe pas de méthode simple et rapide pour éliminer ces conflits, voici quelques idées qui pourraient vous faciliter la tâche.

Tout d’abord, même s’ils sont dérangeants et frustrants, les conflits entre frères et sœurs sont normaux. Les recherches menées par la psychologue américaine Laurie Kramer démontrent que les frères et sœurs se disputent en moyenne de trois à quatre fois par heure. Par conséquent, si les enfants passent plus de temps ensemble à la maison (ce qui est probablement le cas durant la pandémie de la COVID-19), le nombre de disputes s’additionne rapidement durant une journée!

Deuxièmement, non seulement les conflits entre frères et sœurs sont normaux, ils sont nécessaires.

Le conflit fait partie du cours normal de l’expérience et des relations humaines. En fait, selon Liane Davey, psychologue et spécialiste en résolutions de conflit, membre du conseil d’administration de la Fondation de psychologie du Canada et auteure du livre The Good Fight, les rapports humains impliquent le conflit. Autrement dit, les enfants doivent développer des compétences de résolutions de conflit. C’est-à-dire qu’ils doivent apprendre à se défendre et à défendre leurs besoins tout en étant attentifs aux besoins des autres, et à trouver des solutions raisonnables. 
C’est dans le cadre relativement sûr de la relation avec leur fratrie que les enfants développent cette aptitude. Toutefois, ils ne peuvent pas y arriver seuls. Les enfants ont besoin de notre soutien pour apprendre à gérer les conflits.

 Alors, que faire?

Intervenir lorsque c’est nécessaire (et c’est souvent le cas) 
Certaines personnes prétendent qu’il est préférable de laisser les enfants régler eux-mêmes leurs conflits. Par contre, la recherche démontre que les enfants ont tendance à continuer de se disputer si les parents n’interviennent pas. De plus, la résolution de conflit est plus constructive lorsque les parents s’interposent. Le type d’intervention est toutefois important. 

Ne pas empirer la situation
Les conflits entre frères et sœurs, particulièrement les querelles interminables ou les conflits plus sérieux qui éclatent lorsqu’on fait déjà face à une journée plus difficile, peuvent être stressants. Et parfois notre niveau de stress nous mène à utiliser des stratégies autoritaires (élever la voix, menaces, punitions, etc.) qui ajoutent de la tension et rendent la situation encore plus difficile. 

Apaiser et assurer la sécurité d’abord
Lorsque nos enfants se disputent, nous sommes souvent tentés d’intervenir afin de proposer une solution et de fixer des limites. Bien que ce soit important, la justice et les conséquences peuvent attendre. La première chose à faire est de calmer le jeu. Tentez d’abord d’apaiser la colère, la peur ou la tristesse. Gardez un ton de voix (relativement) doux afin de ne pas ajouter de tension à la situation.

S’il s’agit d’un véritable combat, il faut séparer les enfants. De plus, un enfant pourrait avoir besoin de protection si le combat n’est pas à force égale.

Principe clé : Toute stratégie pour régler un conflit ou fixer des limites sera plus efficace si les enfants se sentent d’abord apaisés et en sécurité.

Mettre l’accent sur les besoins

Un « bon » conflit ne consiste pas uniquement à se défendre. Il s’agit aussi de comprendre les besoins de l’autre ainsi que de comprendre comment nos mots et nos gestes peuvent affecter l’autre. Les jeunes enfants ne sont pas très doués en cette matière, particulièrement lorsqu’ils sont contrariés. Nous pouvons leur venir en aide, mais en évitant d’imposer un jugement même s’il est facile de déterminer qui a tort et qui a raison. Selon Liane Davey, lorsqu’un enfant est émotif, nous devons nous poser la question suivante : « Ceci est important. Qu’est-ce que je dois comprendre? ». Elle suggère de reconnaître les émotions fortes de l’enfant, sans être d’accord ou en désaccord avec ce que l’enfant exprime. Une fois que vous démontrez que vous êtes disposé à l’écouter, posez des questions ouvertes qui vous aideront à comprendre la manière dont l’enfant vit la situation. 

Lorsque la situation se calme un peu et qu’il est temps de trouver des solutions, Liane Davey suggère de commencer par décrire ce que vous voyez plutôt que porter un jugement sur la situation. Par exemple, au lieu de dire : « Jacob, tu déranges ton frère », vous pourriez être plus objectif et impartial en disant : « Jacob, tu es assis sur le coussin de ton frère et tu prends toute la place, c’est pour ça qu’il te pousse ».

Il s’agit aussi d’une façon importante d’éviter de blâmer un enfant (« Jacob! Arrête d’être méchant avec ton petit frère! »). Il est préférable de décrire les conséquences de ce que vous constatez : « Lucas est vraiment fâché à cause de ce que ce tu fais. » 

Une autre méthode consiste à poser des questions. « Selon toi, qu’est-ce qui pousse Lucas à te frapper? ». Par contre, évitez de poser les questions qui commencent par « pourquoi » et qui viennent spontanément à l’esprit. Ces questions ont tendance à mettre les enfants (et les adultes) sur la défensive. Ils trouveront des raisons qui justifient leur comportement plutôt que de réfléchir à ce qui se passe réellement. Par conséquent, plutôt que de commencer votre question par « pourquoi », utilisez une question qui commence par « qu’est-ce qui » ou « comment ». 

Cette approche aura trois effets. Elle permettra d’éviter qu’un des enfants (ou les deux) se sente attaqué par vos propos. Aussi, en posant des questions et en faisant des observations, vous ferez appel aux zones du cerveau qui leur permettront de réfléchir (les zones du cerveau responsables des émotions sont déjà en action!). Enfin, cette approche permettra aussi de reconnaître les émotions des enfants; c’est-à-dire de leur faire sentir qu’ils ont été entendus et que vous comprenez leur point de vue. Comme l’affirme Liane Davey, si vous souhaitez exprimer votre point de vue, vous devez d’abord entendre et verbaliser le leur. 

Autres idées

Favoriser les moments agréables. Privilégiez les activités que vos enfants aiment faire ensemble, et participez à ces jeux lorsque possible. Les moments agréables passés entre frères et sœurs sont un peu comme de l’argent en banque : ils servent à protéger les relations lorsque les conflits surviennent.

Solliciter leur avis. Nous avons tendance à penser que c’est à nous de trouver des solutions à leurs conflits. Cela dit, lorsque la situation est calme, demandez-leur de trouver des idées pour permettre de résoudre ou de prévenir le conflit. Leurs suggestions pourraient vous surprendre.

Reconnaître leurs bons coups. Le fait de féliciter les enfants lorsqu’ils sont gentils les uns envers les autres ou lorsqu’ils trouvent des solutions à leurs propres conflits leur apportera un sentiment de bien-être et renforcera l'idée qu'ils peuvent parfois trouver leurs propres solutions. Cela les motivera à réessayer à l'avenir.

Donner la possibilité de prendre une pause l’un de l’autre au besoin. Les conflits entre frères et sœurs sont normaux, mais ils peuvent être épuisants autant pour les enfants que pour les parents. Les enfants ont parfois besoin de prendre une pause l’un de l’autre (et les parents ont besoin d’un répit).

Renforcer les règles de base : on ne frappe pas et on ne lance pas d’insultes blessantes. Les enfants doivent systématiquement recevoir le message qu’il est inacceptable de faire mal aux autres. Même s’ils ne respectent pas toujours ces règles, les messages des parents font leur chemin et influenceront le comportement des enfants au fil du temps.

Donner l’exemple en matière de résolution de conflits. Bien que les enfants apprennent de leurs propres expériences de conflit, ils peuvent aussi apprendre en observant leurs parents. Utilisez de bonnes techniques de négociation et débattez de manière loyale avec votre partenaire ou avec les autres adultes importants de l’entourage de l’enfant. Aussi, soyez attentifs à ce que vous dites à propos de vos propres frères et sœurs.

Ne pas abandonner. Les conflits au sein de la fratrie peuvent être décourageants. Gardez en tête cependant que ces conflits sont normaux et que le fait de ne pas pouvoir les arrêter ou les éviter ne fait pas de vous un mauvais parent. En outre, soyez indulgent envers vous-même si vos interventions ne sont pas toujours appropriées. Il arrive que les parents manquent de temps pour jouer le rôle de médiateur. Par contre, lorsqu’il est possible d’aider vos enfants à résoudre leurs conflits, vous leur permettez d’acquérir des aptitudes relationnelles qui leur serviront tout au long de leur vie en favorisant le renforcement de la résilience. 

Lectures supplémentaires :

Les enfants peuvent s’en sortir : Favoriser la résilience des enfants à la maison comme à l’école

Prêt ou non? La négociation de l’indépendance avec les adolescents